« Combattre pour le socialisme » n°62

Article paru dans le bulletin « Combattre pour le socialisme » n°62 (n°144 ancienne série) - 28 septembre 2016 :

Combattre pour le socialisme informe :

Lettre du Brésil

Dans la nuit du 31 août au 1^er septembre, le Sénat brésilien a conclu la procédure d’impeachment lancée contre Dilma Roussef afin de confirmer le pouvoir du gouvernement dirigé par Michel Temer, structuré par le PMDB, principal parti bourgeois brésilien depuis les années 70. Nous avons analysé dès le départ ce renversement, comme procédant de la nécessité pour la bourgeoisie brésilienne de lancer une offensive majeure contre les droits et les conditions d’existence des travailleurs pour tenter de rétablir les taux de profits, après trois années de récession consécutive. Dans cette perspective, le PT ne pouvait constituer l’arme nécessaire, et même être considéré comme une entrave.

La fin de la procédure commencée le 11 mai, ne peut que laisser un goût amer au prolétariat brésilien, et surtout cette question : comment cela a-t-il été possible, sans d’ailleurs une réaction significative du prolétariat lui-même ? Cette question évidemment concentre tout, et pose la question de la responsabilité de la politique de la direction du PT, de Dilma Roussef elle-même, de la direction de la CUT, confédération syndicale fondée par le PT, dans les événements.

Un petit groupe de militants qui veulent œuvrer à la construction d’un parti ouvrier révolutionnaire au Brésil a pris l’initiative de s’adresser à la direction du PT pour précisément permettre de tirer les leçons de la politique menée depuis des années, et en particulier de ses effets dans les derniers mois. L’écho reçu à l’échelle de la taille de ce groupe n’est pas négligeable. Nous vous communiquons ici le texte.

ADRESSE À LA DIRECTION DU PT

La politique menée par le gouvernement formé par Temer illustre la raison de l’impeachment, il n’a rien à voir avec une quelconque affaire de budgets, mais bien avec les besoins de la bourgeoisie brésilienne et de l’impérialisme : s’attaquer aux droits des travailleurs.

- Privatisations des entreprises, et ouverture du marché aux grands monopoles issus des puissances impérialistes ;

- attaque contre les pensions et les droits des travailleurs par la flexibilisation du droit ;

- menace contre les droits démocratiques et syndicaux des travailleurs, droit de manifestation.

Il ne peut donc y avoir de tergiversation avec un tel gouvernement, la direction du PT doit rompre avec la ligne de l’» opposition constructive », et la recherche de l’alliance avec des représentants de la bourgeoisie. Il doit rompre effectivement et pas seulement dans les mots avec le gouvernement Temer, œuvrer au Front unique des organisations du mouvement ouvrier, politiques et syndicales visant à la mobilisation des masses pour chasser Temer.

Dans ce but, il faut tirer le bilan de la politique d’alliance de classe menée par la direction du PT depuis des années. Qui a nommé Temer vice-président ? Qui a commencé la politique d’ajustement menée tambour battant par le nouveau gouvernement ?

La direction du PT doit en tirer les leçons : toute alliance avec les partis bourgeois est un nœud coulant passé autour du cou de la classe ouvrière et de la jeunesse. Elle doit changer radicalement de politique, et rompre avec toute organisation bourgeoise, qui si elle n’a pas encore soutenu l’offensive de Temer, un jour ou l’autre la rejoindra.

Les élections municipales d’octobre seront la première échéance électorale depuis l’impeachment de Dilma. A ce titre leur enjeu est national et non local.,Ainsi pour les élections municipales, le PT doit présenter des listes sans représentant de la bourgeoisie, afin d’ouvrir la perspective d’un vote de classe qui permette de remobiliser les travailleurs, vers le combat pour chasser Temer.

C’est pourquoi, nous travailleurs, militants du PT, nous nous adressons à la direction du parti afin qu’elle décide que pour les élections municipales de 2016, le parti ne présentera pas de liste de coalition avec des partis bourgeois, ne présentera que des listes sans représentant de la bourgeoisie.